Le milieu de la chasse au sanglier en émoi !

15-02-2012 à 13:36:02
Le milieu de la chasse au sanglier en émoi !
Partager 31 contributions Publié le lundi 06 février 2012 à 08H05 -



Le département de la Marne compte 9 000 chasseurs de sangliers.


(Marne). L'organisation d'une battue administrative, voilà dix jours sur la Montagne de Reims, a délié les langues de ce microcosme truffé de jalousie et de réactions épidermiques sur fond de supposées pratiques déviantes de la part des divers acteurs (chasseurs, agriculteurs, institutions…).


Selon l'administration, 2 000 sangliers doivent encore être prélevés d'ici la fin du mois dans les 18 zones de chasse du département pointées du doigt pour leur surpopulation. Enquête.

«MON objectif est de retrouver au plus vite la crédibilité et la légitimité que la chasse marnaise mérite. Nous avons obligation de jouer notre rôle de régulateur afin d'établir des niveaux de population acceptables par massif ».
Jacky Desbrosse, le président de la Fédération de chasse de la Marne, veut éviter qu'une publicité négative ne rejaillisse sur tous les chasseurs. La densité de population de sangliers ne semble préoccupante que dans une vingtaine de secteurs (voir la carte ci-contre) sur les 990 que compte le département dans le cadre du Plan national de maîtrise du sanglier (PNMS) qui vise à réguler la population.

« Grosse majorité de gens responsables »


Le feu aux poudres a été déclenché par une battue administrative sur la Montagne de Reims, le 26 janvier, dans une des zones surpeuplées. Son bilan est édifiant : 280 sangliers vus, une centaine abattue sur 78 hectares alors qu'un prélèvement de 40 animaux sur 100 hectares pour toute la saison de chasse (de juillet à fin février) constitue déjà un objectif très élevé. Le responsable de cette aire de chasse, qui souhaite rester anonyme, se défend. « Deux jours avant, j'ai chassé dans le secteur mitoyen, nous n'avons vu aucun sanglier. La battue a été préparée pour resserrer les animaux dans un bas-fond, à l'abri des promeneurs, où il est normal que la concentration soit forte ».
« Nous sommes intervenus dès maintenant, n'attendant pas la fin de la saison, car manifestement, en dépit de nombreuses mises en garde, il n'y a aucune logique d'atteinte de l'objectif. Effectuer une battue en mars peut déranger chevreuils et biches qui commencent à mettre bas » rétorque Yann Dacquay, adjoint au directeur départemental des territoires (DDT), l'administration qui régit la chasse.
Cet épisode ne réjouit personne. Pas les chasseurs qui réprouvent ces pratiques de « viandards », ni les autorités obligées d'en venir à de telles extrémités pour maintenir une population convenable de sangliers afin de réduire les dégâts occasionnés dans les cultures et de garantir l'ordre public, ces animaux engendrant des accidents de la circulation parfois mortels.
« Dans la Marne, on a affaire à des chasseurs responsables, la grosse majorité fait les choses convenablement » souligne Yann Dacquay.
Ainsi, la DDT a concentré son attention cette saison sur 18 d'entre eux, « ceux qui l'année précédente ne jouaient déjà pas le jeu ». Soit 2 %, seulement, des plans. Mais ce sont ceux qui avivent les tensions et véhiculent une image négative, redoutée par la Fédération, engendrant une boucherie comme la battue administrative voilà dix jours…
Essayons de comprendre le mécanisme de la chasse au sanglier qui répond désormais à un cercle rendu vicieux par certains.

Cercle vicieux


La population de sangliers s'avère en forte croissance depuis plus de 20 ans. Cet accroissement non maîtrisé a raréfié la quantité de nourriture naturelle de ces mammifères. Ils se sont alors déplacés dans les champs pour y manger les cultures, détruisant au passage ce qu'ils ne consomment pas. Les dédommagements versés aux agriculteurs se sont envolés, aidés par la hausse du cours des céréales. Or, ces dédommagements sont financés par les chasseurs, via le montant des bracelets, droit payé à la fédération pour chaque sanglier prélevé.
Dans le même temps, le montant des loyers des forêts a suivi une courbe exponentielle. Dans la Marne, un hectare peut se louer jusqu'à 180 € la saison. La loi du marché ?

« Nous fixons des prix parfois bas, mais l'offre étant moindre que la demande, à respect d'un cahier des charges qualificatif équivalent, les chasseurs font grimper le prix de vente lors des enchères » justifie Xavier Rousset, directeur de l'agence Aube-Marne de l'ONF.
L'Office s'en réjouit, devant assumer des coûts élevés pour assurer la régénération des bois mis à mal par la surpopulation animale, « pour lesquels nous ne touchons aucune indemnisation ».
Alors, entre location et bracelets en hausse, les chasseurs font face à des coûts devenus insupportables.

« Profil bas »


A ce prix-là, les actionnaires en veulent pour leur argent.
Il leur faut du gibier. Pour l'attirer ou le maintenir sur le plan de chasse, on bichonne le sanglier, le nourrissant plus que permis, interdisant de tirer les femelles pour engendrer une démographie artificielle.
Les sangliers pullulent et vont détruire les cultures, après avoir épuisé les forêts, qui peinent dans certains secteurs à se régénérer. Les dédommagements flambent. La boucle est bouclée. Les responsabilités semblent partagées, certains agriculteurs n'étant pas en reste en terme d'abus. Encore une fois, ces excès ne concernent que relativement peu de chasseurs.
Mais leurs agissements font l'actualité. « Après avoir commis des excès, on fait profil bas… » commente Jacky Desbrosse.
Le rétablissement de la crédibilité de la corporation sera délicat pour le président de la fédération qui, faute de pouvoir de sanctions, peine à éradiquer les pratiques d'une poignée.
A de nombreux niveaux, il faudra résister aux pressions d'un milieu où on affiche rarement à découvert son opinion tant une étincelle peut tout enflammer.

Dégâts agricoles: 1 million d’euros par an
Les dégâts causés par les sangliers, et autres animaux sauvages chassés dans le département, dans les productions agricoles sont indemnisés par la Fédération des chasseurs du département.
C’est la règle. Lors des deux précédentes saisons, ce montant tournait autour du million d’euros pas an.
Or, pour la campagne 2011/2012, selon les chiffres de la Direction départementale des territoires (DTT), au 15 janvier dernier, la barre du million d’euros a déjà été franchie alors qu’il reste 6 mois avant la fin de la saison.
L’explication de cette flambée tient autant de l’augmentation du nombre de dégradations que de l’envolée du prix des céréales.

A lire: Comment se déroule une battue administrative?

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